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  • Pourquoi l’écriture manuscrite stimule-t-elle autant notre cerveau ?
    Jun 9 2025

    Prenez un stylo, une feuille… et écrivez à la main. Ce geste simple active en réalité des circuits cérébraux complexes. Contrairement à la frappe sur un clavier, qui mobilise surtout les zones motrices des doigts, l’écriture manuscrite engage une véritable chorégraphie neuronale.


    Dès 2012, une étude de l’Université d’Indiana menée par Karin James, publiée dans Trends in Neuroscience and Education, a montré que chez des enfants de 5 ans, le simple fait d’écrire les lettres à la main activait des zones du cerveau liées à la lecture, comme le gyrus fusiforme gauche. En revanche, taper ces mêmes lettres sur un clavier ne produisait pas cet effet.


    Pourquoi ? Parce qu’écrire à la main implique de planifier chaque geste, de contrôler la pression, l’orientation et la vitesse. C’est un processus sensorimoteur riche qui sollicite à la fois le cortex moteur, le cortex pariétal, le cervelet et les aires du langage.


    En 2020, une recherche norvégienne de Van der Meer et Van der Weel, parue dans Frontiers in Psychology, a confirmé que l’écriture manuscrite activait davantage de régions cérébrales que la dactylographie, chez des adultes comme chez des enfants. Les chercheurs ont mesuré l’activité cérébrale par EEG et ont constaté une synchronisation accrue des ondes cérébrales dans les bandes thêta et alpha, associées à l’apprentissage et à la mémoire.


    Les chiffres sont parlants : cette activation cérébrale est en moyenne 2 à 3 fois plus élevée durant l’écriture manuscrite que lors de la saisie au clavier. Ce n’est pas anodin : selon une méta-analyse de Mueller et Oppenheimer en 2014 (Psychological Science), les étudiants qui prennent des notes à la main mémorisent en moyenne 20 % de contenu en plus que ceux qui utilisent un ordinateur.


    Pourquoi ? Parce que l’écriture manuscrite oblige à reformuler, à synthétiser l’information. Elle favorise l’encodage en mémoire à long terme, là où la prise de notes sur clavier conduit plus souvent à une simple transcription passive.


    En somme, l’écriture manuscrite n’est pas un geste dépassé. Elle reste un outil puissant pour apprendre, comprendre, mémoriser. Dans un monde de plus en plus numérique, reprendre un stylo pourrait bien être un des meilleurs moyens de faire travailler son cerveau.

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  • Quel est l'effet du sel sur le cerveau ?
    Jun 6 2025
    On sait depuis longtemps que consommer trop de sel augmente le risque d’hypertension et de maladies cardiovasculaires. Mais une étude récente, publiée en 2024 par une équipe de l’Université de Géorgie, vient bouleverser notre compréhension de ses effets : l’excès de sel agirait directement sur le cerveau, et plus précisément sur l’hypothalamus, une zone-clé impliquée dans la régulation de la soif, de l’appétit, de la température corporelle et… de la pression sanguine...

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  • Comment une intervention chirurgicale peut-elle faire parler une langue étrangère ?
    Jun 4 2025
    L’histoire de cet adolescent néerlandais de 17 ans qui s’est réveillé d’une anesthésie en parlant uniquement anglais — incapable de comprendre sa langue maternelle — relève d’un phénomène neurologique rare, souvent appelé syndrome de la langue étrangère (Foreign Language Syndrome), à ne pas confondre avec le syndrome de l'accent étranger...

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  • Je lance ma chaine Youtube
    Jun 2 2025

    Pour découvrir mes vidéos:


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  • Peut-on communiquer pendant son sommeil ?
    Jun 2 2025
    En septembre 2024, une avancée inédite a été annoncée : deux personnes ont réussi à échanger de l'information pendant leurs rêves, grâce à une technologie mise au point par Michael Raduga et son entreprise REMspace. Ce progrès s’appuie sur les états de rêve lucide, dans lesquels une personne est consciente de rêver et peut y exercer une forme de contrôle volontaire.

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  • Quelles traces laissent les intoxications alimentaires sur le cerveau ?
    May 30 2025

    Imaginez. Un soir, vous goûtez un plat nouveau. Sur le moment, tout va bien. Puis, quelques heures plus tard, les premiers symptômes apparaissent : nausées, crampes, vomissements. Vous comprenez rapidement : intoxication alimentaire. Vous vous en souvenez longtemps, et surtout, vous ne touchez plus jamais à cet aliment. Ce réflexe de rejet, presque viscéral, n’a rien d’anodin. Il est désormais prouvé qu’il trouve sa source dans le cerveau.


    Le 2 avril 2025, une équipe de chercheurs de l’Institut des neurosciences de l’université de Princeton a publié une étude marquante dans la revue Nature. Leurs travaux montrent que les intoxications alimentaires peuvent laisser une empreinte durable dans le cerveau. Autrement dit, l’aversion que l’on développe après un épisode de ce type n’est pas seulement psychologique ou culturelle : elle repose sur des modifications neurobiologiques réelles.


    Pour le démontrer, les scientifiques ont mené une expérience sur des souris. Ils leur ont d’abord fait goûter une saveur sucrée inédite. Puis, une trentaine de minutes plus tard, les rongeurs recevaient une substance leur provoquant un malaise digestif. Résultat : les souris évitaient ensuite cette saveur avec constance, parfois pendant plusieurs semaines. Et ce, alors même que le cerveau est censé avoir du mal à relier deux événements séparés dans le temps.


    Ce qui a particulièrement frappé les chercheurs, c’est la région du cerveau impliquée dans ce mécanisme : l’amygdale. Connue pour son rôle central dans la gestion des émotions et des souvenirs traumatiques, elle est ici activée à la fois lors de la dégustation initiale, lors du malaise, puis lors du rappel du goût. Ce triptyque d’activation montre que le cerveau encode profondément l’expérience, et associe la saveur au danger.


    Plus encore, les chercheurs ont identifié les neurones chargés de transmettre le signal de malaise : ceux du tronc cérébral qui produisent une molécule appelée CGRP. En stimulant artificiellement ces neurones, ils ont pu recréer l’aversion sans provoquer de véritable intoxication. Preuve que le signal sensoriel seul suffit à conditionner le cerveau.


    Ces résultats vont bien au-delà de la simple aversion alimentaire. Ils montrent que le cerveau est capable, en une seule expérience, de créer un lien de cause à effet entre un goût et une douleur, même différée. Un mécanisme qui pourrait aussi expliquer certaines phobies ou réactions disproportionnées à des stimuli mineurs.

    Ainsi, une simple intoxication alimentaire peut laisser une trace, une mémoire enfouie, mais bien réelle. Une mémoire gravée dans les circuits émotionnels du cerveau, et qui guide nos comportements bien après la guérison.

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  • Pourquoi la langue parlée modifie-t-elle nos émotions ?
    May 28 2025

    Vous êtes bilingue ou trilingue ? Vous avez peut-être remarqué que certaines émotions semblent plus fortes, plus brutes ou plus distanciées selon la langue dans laquelle vous les exprimez. Dire "je t’aime" en français ne résonne pas toujours avec la même intensité que "I love you" ou "Te quiero". Ce phénomène, loin d’être anecdotique, intrigue les chercheurs en psycholinguistique. Et pour cause : notre langue ne se contente pas de véhiculer des mots — elle modèle notre manière de ressentir, de penser et même de vivre nos émotions.


    Une distance émotionnelle mesurable

    De nombreuses études ont montré que lorsqu’on parle dans une langue apprise — souvent une langue étrangère acquise à l’école ou à l’âge adulte — les réactions émotionnelles sont généralement atténuées. Les battements du cœur s’accélèrent moins, la transpiration diminue, et les mots sensibles deviennent plus faciles à prononcer. Cette "distance émotionnelle", observée notamment par les psycholinguistes Jean-Marc Dewaele (University of London) ou Catherine Caldwell-Harris (Boston University), s'expliquerait par le contexte d'apprentissage. Une langue maternelle est intimement liée aux premières expériences affectives, familiales et sensorielles. En revanche, une langue apprise tardivement est souvent associée à des contextes formels, scolaires ou professionnels, donc moins chargés émotionnellement.


    Langue et cognition : un filtre émotionnel

    Le phénomène ne touche pas seulement la perception des émotions, mais aussi leur régulation. Par exemple, une étude menée en 2021 a montré que prendre une décision morale dans une langue étrangère conduit plus souvent à des choix rationnels — et parfois plus froids — car la distance linguistique permet de désactiver partiellement la charge émotionnelle d’un dilemme. C’est ce qu’on appelle "l’effet langue étrangère". Des chercheurs ont même observé que les souvenirs évoqués dans une autre langue sont perçus comme plus flous ou moins vivaces.


    Une arme de régulation ?

    Pour certaines personnes, changer de langue permet de prendre du recul, de mieux gérer la douleur émotionnelle ou de parler plus librement. Cela explique pourquoi certains psychologues ou thérapeutes multilingues ajustent volontairement la langue d’un échange pour débloquer ou au contraire désamorcer une réaction émotionnelle.

    Une pluralité d’identités émotionnelles


    Enfin, pour les personnes multilingues, chaque langue peut être associée à une identité émotionnelle différente. On n’a pas le même ton, le même humour ni la même sensibilité selon qu’on parle en italien, en arabe ou en anglais. La langue devient alors bien plus qu’un outil : elle façonne le soi.


    Dans un monde où plus de la moitié de la population utilise quotidiennement plusieurs langues, comprendre cette influence n’est pas seulement une curiosité scientifique, c’est un enjeu humain. Car parler une autre langue, ce n’est pas juste traduire des mots. C’est aussi traduire — ou transformer — ce que l’on ressent.

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  • Travailler trop abîme-t-il le cerveau ?
    May 26 2025

    On savait déjà que le surmenage affecte le sommeil, la santé cardiovasculaire et la vie sociale. Mais une récente étude coréenne va plus loin : elle montre que travailler trop longtemps pourrait littéralement modifier la structure du cerveau. Publiée dans la revue Occupational and Environmental Medicine, cette recherche menée par une équipe des universités Chung-Ang et Yonsei soulève une question troublante : et si les heures supplémentaires laissaient une empreinte physique durable sur notre cerveau ?


    Les chercheurs ont analysé les données de plus de 1 000 adultes sud-coréens, tous salariés, et ont comparé les scans cérébraux de ceux qui travaillent un volume d’heures “normal” (35 à 40 heures par semaine) à ceux dépassant régulièrement les 52 heures hebdomadaires. Leur constat est net : les surtravailleurs présentaient des anomalies dans plusieurs zones cérébrales, notamment celles impliquées dans les fonctions cognitives, la mémoire et le contrôle émotionnel.


    Parmi les régions touchées, l’hippocampe – une structure essentielle à la mémoire – ainsi que certaines zones du cortex préfrontal, qui gouverne la prise de décision et la gestion du stress. Ces altérations ne relèvent pas seulement d’un épuisement ponctuel : elles pourraient signaler une neurodégénérescence accélérée liée à l’exposition chronique au stress professionnel.


    Plus préoccupant encore, ces changements ont été observés même en l’absence de signes cliniques évidents. Autrement dit, le cerveau peut commencer à se détériorer sans que la personne ne s’en rende compte immédiatement. Les auteurs soulignent que ces modifications ne sont pas anodines : elles pourraient augmenter le risque de dépression, de troubles anxieux ou de maladies neurodégénératives à long terme.


    Les mécanismes en cause seraient liés à la surcharge mentale, le manque de récupération, et l’activation prolongée du système de stress. Le cortisol, l’hormone du stress, joue ici un rôle central. Sa libération chronique peut endommager les neurones, en particulier dans les zones sensibles comme l’hippocampe.


    L’étude corrobore ainsi une idée de plus en plus défendue par les neurosciences : notre cerveau a besoin de repos, de variété et de limites claires pour fonctionner de manière optimale. Travailler plus n’est donc pas toujours synonyme de productivité, surtout si cela se fait au prix de la santé cérébrale.


    En conclusion, ce travail met en garde contre une vision encore trop valorisée de la “performance à tout prix”. Il rappelle que le cerveau, comme tout organe vital, a ses seuils de tolérance – et que les dépasser trop souvent peut laisser des traces invisibles, mais durables.

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