Marceline DESBORDES-VALMORE, lorsqu'elle jouait la comédie aux côtés de La Talma à l'Odéon.

Curieusement, les poètes de l'époque – Lamartine, Hugo, Gautier...-, n'en ont jamais parlé. Seuls, Baudelaire, puis Rimbaud et bien d'autres poètes ensuite... Mais aujourd'hui encore, Marceline reste ignorée de la plupart des livres de littérature.

''Hier, c'est le regret ; demain, c'est l'espérance

Chaque désir trahi me rend à la douleur

Et jamais, jamais au bonheur!

Le soleil, à l'horizon où s'égare ma vue,

T m'apparais encore, et j'attends malgré moi.

La nuit tombe... ce n'est plus toi ;

Non ! C'est le songe qui me tue.'' [L'attente]

AU XVIIIème, les poètes foisonnent mais n'apportent rien à la poésie.

Ce sont, avant tout, des versificateurs tels que les a voulus MALHERBE: la poésie lyrique se complait dans l'artificiel et le déclamatoire; on parle aussi de poésie didactique et descriptive tout aussi guindée; de poésie légère qui ne manque pas de grâce, mais que Jean de La Fontaine eût jugée fort mièvre.

Bref, la poésie de l'époque reste prisonnière des conventions; l'inspiration s'en tient aux lieux communs et aux clichés mythologique des bergères et des moutons; tout est snobisme dans les milieux littéraires.

Difficile de retenir, en poésie, dans le dernier quart de ce siècle, d'autres noms que celui d'André CHENIER .. Ceux de Marceline DESBORDES-VALMORE , de LAMARTINE et d'Alfred de MUSSET nous font entrer, de plain-pied ,dans le ROMANTISME. ___________________________

N.B. : une liste alphabétique des 133 moèmes qui ont illustré ce recueil pourra vous être envoyée par internet.

A qui s'adressent-ils ?

A toutes celles et à tous ceux qui, comme celles et ceux qui aiment écouter des airs d'opéra, regarder des aquarelles ou lire des mantras, aiment lire, ou dire, de la poésie ;

mais aussi aux collégiens, aux lycéens que les livres ennuient ;

et aussi, bien sûr, aux professeurs qui peinent trop souvent, à susciter l'intérêt de leurs élèves pour ces écrits ''bizarres'' qu'on leur impose.

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Pourquoi ce tableau du peintre autrichien, KLIMT (1862-1918) ?

Parce que c'est la même époque, ; Klimt est le chef de file d'un art spécifique qui associe réalisme et féerie ornementale au service de thèmes érotico-symbolistes chantés, dans le même temps, par nos meilleurs poètes : Hugo, Gérard de Nerval, Baudelaire, Verlaine., Rimbaud.... du Romantisme au Parnasse et au Symbolisme ; ''l'esprit européen'' existait déjà ..!

L'artiste ne s'inquiète plus beaucoup de savoir s'il respecte toujours les règles ; c'est tout le champ de l'imaginaire de la nature et de l'amour libéré et ouvert à tous ses sens, qu'il décide de partager avec nous. Ce nest pas ce qui est regardé qui définit la poésie, c'est le regard de celui qui a décidé de partager ce qu'il voit. ''Tout peut être poésie, disait HUGO ; à y regarder d'un peu haut, il n'y a pas de beaux ou de mauvais ''objets'', il n'est que de bons ou de mauvais poètes''. Il en est de même pour tous les artistes, poètes, peintres ou musiciens.

'' Le rôle du poète n'est-il pas de donner la vie

à ce qui se tait dans l'homme,

et dans les choses,

puis de se perdre au cœur de la parole ?'' J.Tardieu

A chaque instant

j'entends

et, lorsque m'en est donné le loisir,

j'écoute

le monde, comme une symphonie. F.Ponge

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Chapitre 4 Le ''Pari (s)'' de la modernité

BAUDELAIRE donne le ''la''.

A la souveraineté de la raison et au triomphe du procédé, des règles et des moules métriques imposés par Boileau et Malherbe, se substituent peu à peu une volonté d'individualisme en littérature; et les écrivains romantiques n'hésitent plus à opposer aux règles de l'art, la liberté dans l'art.Et l'on fait bien plus que ''de déniaiser ce vieil alaxandrin''

« « D'ailleurs, TOUT relève de l'art, tout a droit de cité en poésie, l'art n'a que faire des menottes, des baillons ; il vous dit :

• Va ! Il n'y a aucun fruit défendu en poésie ! Rien ne doit êtrede vivre et d'apprécuer laissé de côté ; tout ce qui est dans la nature est dans l'art ; la pooésie c'est ce qu'il y a de plus intime dans TOUT. »

''Le crépuscule du matin '' de Charles BAUDELAIRE, est une convaincante illustration de cette volonté d'apprécier, avant tout, intimement, le présent vécu ''pour sa qualité essentielle de présent''.

L'aurore grelottante en robe rose et verte

S'avançait lentement sur la Seine déserte,

Et le sombre Paris, en se frottant les yeux,

Empoignait ses outils, vieillard laborieux.

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Chapitre 5 BAUDELAIRE et les poèmes en prose

d'Aloysius BERTRAND et de LAUTREAMONT

Le poème en prose est né des traductions de poèmes étrangers : on a pris conscience que la mesure et la rime , et bien d'autres règes liées à la versification, n'étaient pas tout dans un poème ; ce constat renforçait la révolte contre les règles contraignantes et tyranniques du poème en vers classique.

A. Bertrand avait montré la voie (cf. Un rêve). Le poème a l'aspect d'un morceau de prose, court et dense, travaillé et ciselé comme un bijou fermé sur lui-même. Baudelaire avait rêvé de créer le ''miracle d'une prose poétique, musicale, sans rythme et sans rime, pour s'adapter aux mouvements lyriques de l'âme''(cf. Le spleen de Paris).

Cela a permis au poète d'explorer de nouvelles terres langagières, hors des sentiers battus de la raison et de la logique traditionnelle ; et aussi, permis de découvrir de nouveaux rythmes, de nouveaux moyens d'expression qui ont donné une vision du monde inédite, originale, en accord avec la complexité du monde moderne.

Face à l'emprise de la raison et de la logique traditionnelle, le rêve et le fantastique((cf. Les Chants de Maldoror de Lautréamont) nourris d'occultisme, très en vogue à cette époque, [Hugo, Nerval -traducteur et ami de Goethe – s'y adonnaient volontiers] prennent une place importante en poésie. Le poème en prose se révéle l'outil idéal pour explorer l'univers infini du Moi.

On n'en était qu'aux débuts des poèmes en prose.

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La poésie,

c'est la jeunesse,

ou, plutôt, c'est la genèse du monde

Poète est celui qui dit l'essentiel

Ça a toujours

kèk'chose d'extrême

un poème [Queneau]

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Chapitre 6 Le poète se fait ''voleur de feu''

1870 Rimlbaud : des Ardennes à Paris

1854 Naissance à Charleville

1870 Enfant prodige ; il témoigne, dés ses premières années de Collège, une étonnante virtuosité ; sa vocation poétique s'éveille en 1869 ; elle ne le quittera plus; mais il a tôt fait d'épuiser les ressources offertes par l'exemple des poètes parisiens, romantiques et parnassiens... A 16 ans, il n'attendait déjà plus rien de ce genre d'école.

1870-1871 Le révolté quitte tout , Collège et famille ; ce sont les premières escapades vers Paris où il sympathise avec lesinsurgés de la Commune. Ce sont les premiers poèmes : Rages de César, contre l'Empere Napoléon; Le dormeur du val ; Les effarés ; Les Assis ; Sensation...etc

C'est le temps de la grande crise ; 17 ans ! c'est l'époque où Rimbaud se précipite dans toutes les folies, écrivant à son ancien professeur de rhétorique qu'il avait décidé ''de s'encrapuler le plus possible.Pourquoi ? Je veux être poète, et je travaille à me rendre voyant...Il s'agit d'arriver à l'inconnu par le dérèglement de tous les sens[...] Je me suis reconnu poète.[..] JE est un autre. Tant pis pour le bois qui se trouve ''violon''[..].

La poésie est un effort de tout l'être ''pour arracher à l'Inconnu ses secrets'', selon le mythe de Prométhée.''Le poète serait vraiment multiplicateur de progrès'', écrit-il à son ami Demeny, dans sa lettre du ''voyant'', du 15 mai 1871.

Pur délire d'adolescent ? Comme pour une bonne partie des intellectuels de l'époque, est venu le temps de la conquête de l'inconnu ; ''Ce sera la victoire de l'homme sur la nature : ...L'avenir sera matérialiste; et la poésie devra être en avant'' pour guider l'humanité.

Déjà, dans Le bateau ivre, il décrit symboliquement cette audacieuse épopée ; ce chaland qui vogue parmi des paysages vierges, c'est Rimbaud.

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Chapitre 7 Après ''Le bateau ivre'' :

Rimbaud et...Une Saison en enfer

1872 Fidèle au programme qu'il s'était fixé quelques mois plus tôt, Rimbaud ''travaille à se rendre voyant'', cultive le délire sous toutes ses formes , compromet sa santé par l'alcoolisme, les drogues et la débauche.

Après ''Le cœur volé'', il écrit, à la fin du ''Bateau ivre'' :

''Mais, vrai, j'ai trop pleuré!Les aubes sont navrates

L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes[..........]

Un enfant accroupi, plein de tristesse,lâche

Un bateau frêle, comme un papillon de mai.''

Puis , tout aussi brutalement, en décembre 1872, il quitte Londres et Verlaine ; il part retrouver sa famille dans les Ardennes et entame une sorte d'autobiographie en prose poétique :

1873 Une Saison en enfer

C'est, à la fois, le récit du drame qui a bouleversé sa vie et qui a failli le mener au crime ou à la mort .Son mépris de toute morale, son goût du vice, du crime, de la révolte (Mauvais sang) l'ont conduit jusqu'à cette période infernale dont il nous rapporte quelques pages de son carnet de damné.(Alchimie du Verbe); l'homme en sort honteux, et le poète, brisé de s'être voué à tant de chimères.

Pourtant, après tant de rechutes dans le désespoir, des perspectives s'éclairent peu à peu : c'est la pensée qui se dégage de Matin. Dans le désert de la nuit, est-ce en vain que les yeux du poète se ournent vers l'étoile ?

A 19 ans, Rimbaud échappait donc au désespoir ; mais, cruellemnt lucide, il entrait déjà dans son automne, cet automne qui, pour lui, évoquait les brumes immobiles de Londres, sous un ciel taché de feu et de boue.

''Cependant c'est la veille. Recevons tous les influx de vigueur et de

tendresse réelle. Et à l'aurore, armés d'un ardente patience,

nous entrerons aux splendides villes.''

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Chapitre 8 Rimbaud et … les ''Illuminations''

Rimbaud était vraisemblablement à Londres lorsqu'il a poursuivi la rédaction de ce recueil de poésie. Le poète de 19 ans,qui avait écrit les deux ''Adieu'' qui fermaient le récit de la ''Saison en enfer'', n'avait donc pas dit son dernier mot

En anglais, le mot ''illumination'' se traduit par ''enluminure'' ou ''éclairage''en français ; c'est bien sur une nouvelle voie que le jeune poète va exprimer ses talents de ''Voyant'' ; ce qu'il voit, il le transfigure ; ce qu'il ne voit pas, il se donne les moyens de le créer, comme il l'avait écrit dans ses ''lettes du voyant'', au mépris de sa santé, de sa vie …

Il lui fallait aussi trouver un nouveau langage pour exprimer ces visions ; les images, particulièrement insolites, les rythmes irréguliers,(Phrases) troublants, déconcertants, intensifient la fulgurance des hallucinations,(Barbare) et tous les sens se laissent gagner par la splendeur du vocabulaire, et envoûter par les formes nouvelles et surprenantes.(Fleurs)

Nous sommes , hébétés, devant le vitrine scintillante d'un joaillier.

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